Photo : Guénolé TREHOREL/ACO
Ces quatre décennies ont fait de lui l’une des grandes plumes de l’endurance en même temps qu’un témoin privilégié de l’évolution de la course, du V12 Matra à la technologie hybride.
Jean-Marc Teissèdre : « Ma découverte des 24 Heures du Mans doit remonter à un reportage télévisé de 1962, qui devait être commenté par Roger Couderc. J’ai toujours été un fan de Maserati et à l’époque il y avait trois coupés 151. Je me rappelle très bien avoir suivi ce reportage jusqu’à 18h00, et elles étaient encore dans le coup. Je suis allé me coucher, plein d’espoir, mais il n’y avait plus de Maserati en course à mon réveil le dimanche matin. Je devais avoir treize ans. J’habitais déjà dans le midi de la France et pour moi, Le Mans, c’était l’autre bout de la planète, je n’envisageais même pas d’y aller un jour. Mais j’y ai été spectateur pour la première fois en 1972. Comme je travaillais à l’époque en région parisienne, Le Mans était devenu accessible. Même s’il n’y avait pas d’autoroute, on mettait environ trois heures pour y aller. J’ai tout découvert, on m’a emmené chez Génissel (restaurant situé sur les Hunaudières, ndlr) manger des fraises au milieu de la nuit, et on entendait le bruit des V12 Matra du Tertre Rouge jusqu’à la réaccélération à la sortie du virage de Mulsanne, c’était fantastique. Après avoir été enseignant, j’ai créé en 1975 une boutique de modélisme. Mon associé, le patron de l’agence de presse photographique DPPI, m’a fait connaître Auto Hebdo, qui était en train de se monter. Je suis donc arrivé dans le magazine dès son lancement en février 1976. J’aimais bien l’endurance, donc je m’en suis occupé à partir de 1977. Parmi mes voitures préférées en plus de 35 ans de 24 Heures du Mans figurent toute la génération des prototypes Jaguar XJR de la fin des années 80 et le public anglais qui allait avec. La victoire Jaguar de 1988, c’était le stade de Twickenham un jour de Tournoi des 5 Nations ! Entendre les fans anglais chanter, c’était aussi fort que le bruit du moteur des Jaguar… encore des V12, d’ailleurs ! Côté français, après l’époque Matra que j’ai connue en tant que spectateur, ça a été l’équipe d’Henri Pescarolo, avec toujours le côté David contre Goliath. En ce qui concerne les pilotes, j’ai toujours entretenu d’excellents rapports avec Jacky Ickx, qui ne pratique pas la langue de bois. Il y a aussi Derek Bell, mais à l’époque on pouvait les avoir ensemble ! Je peux citer aussi Jan Lammers, mais il y en a encore beaucoup d’autres… D’une manière générale, comme l’endurance intègre aussi la notion d’équipage, les pilotes sont toujours des gens agréables avec qui il est facile de discuter. Mais bien sûr, il y a toujours un moment où ils ont un pépin avec la voiture et où ils ne sont pas de bonne humeur, mais tout le monde est comme ça dans la vie ! »
Palmarès des éditions et pilotes des 24 Heures évoqués par Jean-Marc Teissèdre
1962 : Olivier Gendebien-Phil Hill
1972 : Henri Pescarolo-Graham Hill
1976 : Jacky Ickx-Gijs van Lennep
1977 : Jacky Ickx-Jürgen Barth-Hurley Haywood
1988 : Jan Lammers-Johnny Dumfries-Andy Wallace
NB – Jacky Ickx (six victoires) et Derek Bell (cinq victoires) ont remporté ensemble les 24 Heures du Mans à trois reprises en 1975, 81 et 82.
Jean-Philippe Doret / ACO
Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, SAMEDI 14 JUIN 2014, COURSE. Jean-Marc Teissèdre en pleine écriture dans la salle de presse.