Comment s’est passé ce début de saison en championnat du monde d’endurance pour vous ?

« Nous avons gagné la première manche en LMGTE Am à la suite d’un dernier tour fabuleux. J’étais 3e et, devant moi, il y avait Pedro Lamy (Aston Martin Vantage n°98) et Miguel Molina (Ferrari 488 GTE n°54). Ils se sont tous les deux touchés à Stowe et j’ai réussi à les éviter. A Spa-Francorchamps, nous terminons 3e après une course solide. Nous avons effectué un bon début de saison. L’équipe Clearwater Racing est excellente, mes coéquipiers sont bons. A chaque fois, nous sommes en mesure de nous battre pour le podium. Je pense que lorsque nous allons arriver sur les manches asiatiques en fin de saison (Shanghai et Fuji, ndlr), nous serons encore plus compétitifs car mes coéquipiers connaîtront les circuits. »

Vous avez participé au développement de la Ferrari 488 GTE. Que pensez-vous de cette voiture ?

« C’est une auto fantastique, mais c’est aussi le passage d’un moteur atmosphérique à un turbo. Cela a changé notre façon de piloter, mais Ferrari a fait un travail extraordinaire. C’était une bonne chose de le faire car Porsche a déjà sorti une nouvelle voiture et nous savons qu’Aston Martin s'apprête à faire de même l’année prochaine. Le niveau en GT monte d’année en année. Je suis confiant, je sais que Ferrari va tout faire pour maintenir son niveau de compétitivité et, pour ma part, avoir été impliqué dans le développement de cette 488 a été un immense privilège. »  

Les 24 Heures du Mans arrivent. Que représente cet événement pour vous ?

« C’est la plus grande course de sport automobile, mais aussi l’un des événements les plus importants tous sports confondus. Quand j’étais enfant, mon rêve était de participer au Mans et cette année sera ma sixième. Ma seule déception est de n'avoir « visité » le podium qu’à une seule reprise (rires) et je vais essayer de changer cela. Ce sera notre but, avec Clearwater Racing, un podium, même si participer est déjà un honneur. Je suis super excité d’y retourner. »

En LMGTE Am, on dénombre 16 voitures avec tellement de vainqueurs potentiels. Comment voyez-vous la course ?

« Cette catégorie est vraiment très relevée. Lorsque vous regardez la liste des engagés, il y a au moins 10 autos qui peuvent gagner. Le Mans est une course tellement difficile aussi bien pour les pilotes que pour l'équipe et la voiture. Il faudra être prudent en début de course à mon avis et ensuite construire notre course au fil des 24 heures. Peut être que nous aurons du mauvais temps et il faudra se préparer à cela. Je pourrai compter sur ma propre expérience. Clearwater Racing a aussi disputé Le Mans l’an dernier, nous avons donc une chance de gagner ou de faire un podium.»

Comment gère-t-on le fait de partager son baquet avec des pilotes qui n’ont pas la même catégorisation que vous (Matthew Griffin est classé « Gold ») ?

« Pour moi, l’endurance c’est cela ! Les 24 Heures du Mans et les courses d’endurance en général ont toujours été bâties autour des pilotes amateurs. Parfois je ne pilote qu’avec des professionnels, parfois avec des amateurs, mais c’est important pour moi. Ce sont de vrais passionnés et ils seront là tout le temps, il faut préserver cet aspect. Vous sentez leur passion quand vous êtes près d’eux, c’est juste fantastique. »

Justement, quel est votre rôle dans ces cas-là ? Vous les conseillez, vous les aidez à gérer leur week-end ou à s’améliorer en piste ?

« C’est un petit peu de tout cela en même temps. Nous les aidons à améliorer leur temps au tour grâce aux données récoltées et aux vidéos. Je les guide aussi au niveau de la course et c’est là que mon expérience des 24 Heures du Mans est cruciale. Quand, par exemple, il pleut au Tertre Rouge, je peux leur dire par radio : « attention, utilise plutôt cette trajectoire.» C’est un rôle important, particulièrement au Mans. De plus, tous mes coéquipiers sont devenus des proches et il est plus simple de « travailler » avec des amis. » 

Photo (VSA / Laurent Cartalade) : La joie de Matthew Griffin après sa pole position à Monza en ELMS.