Dans le film officiel des 24 Heures du Mans, vous venez de revivre les dernières minutes précédant l’arrivée de l'édition 2016. A ce moment là, à quoi avez-vous pensé lorsqu’on vous a dit à la radio « Push, Push » (attaque, attaque) ?

« Je me suis dit : "c’est juste incroyable". Nous avons eu des soucis, notamment en début de course, avec des roues que l'on avait du mal à retirer lors de nos arrêts au stand. Nous avons également perdu beaucoup de temps avec les Full Course Yellow, mais nous avons réussi à revenir dans le groupe de tête. Ensuite, nous avons eu une crevaison et, à ce moment de la course, je me suis dit que nous n’y arriverions pas, que c’était trop. Finalement, nous avons eu de la chance, ce qui rend cette victoire si spéciale. Je n’aurais jamais pensé vivre ce scénario, qu’une voiture s’arrêterait dans le dernier tour. Toyota a vraiment eu beaucoup de malchance, mais je prends cette victoire (sourire) ! Dans une course telle que les 24 Heures du Mans, il faut toujours savoir prendre la victoire quand elle passe. »

Comment classez-vous cette victoire dans votre palmarès ?

« C’est clairement la plus spéciale, surtout au vu des événements du dernier tour. Ce fut une bagarre très dure entre les deux Toyota et notre Porsche. Jusqu’à la dernière minute, nous ne savions pas qui allait l'emporter. Dans l'utime quart d'heure, nous nous sommes dit que nous ne gagnerions pas encore cette fois-ci. Finalement, on a assisté au dénouement que l’on connaît. L'année 2016 est surtout spéciale et incroyable parce que nous gagnons les 24 Heures du Mans, que Porsche a décroché le titre de Champion du Monde d’Endurance des Constructeurs et, qu'avec Romain et Marc, nous sommes Champions du Monde d'Endurance des Pilotes. »

Votre bilan 2016 est donc incroyable pour vous ?

« Oui, tout à fait. Nous aurions pu rêver de gagner toutes les manches, mais ce n’est pas possible et cela aurait été ennuyeux (rires). Nous avons accompli les deux choses les plus importantes de l’année : Le Mans et les deux titres mondiaux. Pourtant, la concurrence était très relevée, c’est ce qui donne encore plus de valeur à ce que nous avons réalisé. »

Comment expliquez-vous qu’après les 24 Heures du Mans vous ayez connu une deuxième partie de saison plus compliquée, sans aucune victoire ?

« Il faut bien être honnête : nous avons eu un peu de chance lors des trois premières courses (Silverstone, Spa-Francorchamps et Le Mans, ndlr). Ensuite, nous avons été frappés par la malchance à commencer par le Nürburgring avec un accrochage. Au Mexique, nous pouvions monter sur le podium, mais un concurrent nous a heurtés, tout comme à Bahreïn (avec la Porsche 911 RSR n°78 KCMG, ndlr). Ces soucis nous ont ralentis, mais nous avons réussi à finir la course à chaque fois. Certes, la fin de saison a été frustrante pour nous, cependant nous avons essayé de ne pas trop nous focaliser sur nos soucis et d’engranger un maximum de points. C’est ce qui nous a permis de décrocher le titre »

La Porsche 919 Hybrid est sur les circuits depuis 2014. Dans quel(s) domaine(s) peut-on encore faire progresser la voiture ?

« Je pense sur tous les domaines ! On a pu voir cette année que la Toyota était très rapide en ligne droite, nous devons déjà commencer à travailler sur ce sujet au niveau de l’aérodynamique et du moteur. Concernant le châssis, nos concurrents sont pas mal aussi, ils ont une aéro qui est moins chargée que la nôtre, ils étaient proches de nous lors de la deuxième moitié de saison. Ce sont les deux pistes que nous devons explorer. »

En 2017, vous allez perdre un sérieux concurrent avec le départ d'Audi...

« Je connais tous les pilotes d'Audi Sport depuis longtemps. Lorsque nous sommes arrivés avec Porsche en 2014, Audi était la référence, la marque à battre ! C’est vraiment dommage de les voir partir, mais c’est le sport. Un constructeur part, un autre arrive… J’espère juste qu’un nouveau va venir concurrencer Toyota et Porsche. »