Photo : Nissan
En 1990, la catégorie Groupe C atteint son apogée. Mercedes, Jaguar, Porsche, Toyota, Mazda et Nissan s’affrontent lors de joutes spectaculaires sur les circuits du World Sportscar Championship, ainsi qu’aux 24 Heures du Mans, épreuve disputée hors championnat. Pour Nissan, dont le développement à l’international peine à croitre, l’objectif avoué est sans équivoque et le programme sportif mis en place doit permettre d’enregistrer rapidement des victoires d’envergure. Avec un niveau de préparation qui ne cesse de s’améliorer depuis 1983, les ambitions de la maison-mère s’annoncent légitimes à l’entame de cette nouvelle saison d’endurance. Pour cela, deux départements compétition sont missionnés pour remplacer la R89C, vieillissante et trop typée « Le Mans ».
Pour mener à bien son offensive et terrasser ses adversaires, Nissan ne compte ni les Livres Sterling ni les Yen dépensés. Ainsi, les ateliers Nissan Motorsport de Milton Keynes, en étroite collaboration avec Lola, conçoivent et produisent le modèle R90CK, dont la configuration aérodynamique est adaptée aux courses « sprint » du Championnat du Monde. Au Japon, les ingénieurs et techniciens de NISMO prennent en charge la création du modèle R90CP qui sera utilisé en Championnat du Japon des Sport-Prototypes. Les deux autos, à la musculature bien différente, sont toutefois propulsées par le même V8 3.5L bi-Turbo dont les performances avaient été convaincantes en 1989. Les équipages sont éclectiques et regroupent des pilotes rapides et expérimentés. En Championnat du Monde, Julian Bailey, Kenny Acheson, Mark Blundell et Gianfranco Brancatelli piloteront les R90CK tandis que Masahiro Hasemi, Toshio Suzuki, Kazuyoshi Hoshino et Anders Olofsson partageront les R90CP au pays du soleil levant. Les voitures sont peintes aux couleurs officielles et arborent les logos des partenaires historiques de la marque, la saison 1990 peut désormais commencer...
Encore trop « fraiches » pour la manche inaugurale à Suzuka, les R90CK débutent en mondial à l’occasion des 480 km de Monza. Sur l’autodrome italien, le bilan de cette première apparition est mitigé avec une 7ème place de la n°23 et l’abandon de la n°24 sur panne d’essence. Aux antipodes, sur le tracé du Mont-Fuji, la concurrence est nettement moins virulente qu’en Europe mais les deux R90CP engagées terminent 2ème et 4ème pour leur première sortie officielle en JSPC (Japan Sports Prototype Championship).
Jusqu’au Mans, les prestations en Championnat du Monde confirment les aptitudes des R90CK sur les courses sprint, notamment par un podium à Spa-Francorchamps pour le duo Bailey/Acheson, alors que NISMO ne peut confirmer le potentiel des R90CP suite à l’annulation de la seconde manche du calendrier japonais, l’Interchallenge Fuji 1000 km. Cette première partie de saison, encourageante, permet aux dirigeants de Nissan d’aborder la semaine mancelle avec une certaine sérénité. Déterminés, ces derniers convoitent terriblement le prestige et l’impact communicatif d’une victoire aux 24 Heures du Mans. Dans la Sarthe, les moyens mis en œuvre vont être colossaux et le déferlement de matériel annoncé impressionne déjà les observateurs. Cinq voitures officielles sont en effet attendues aux vérifications techniques et administratives...
Avant même les premiers essais, le rapport de force semble clairement en faveur de Nissan qui répond à l’expérience de Porsche et Jaguar par cette imposante délégation. Au soir des qualifications, l’écrasante démonstration des prototypes japonais se confirme.
PARTIE 2 à suivre...
Pierre-Yves Riom / ACO