Lorsqu’une victoire est en jeu aux 24 Heures du Mans, les pilotes sont capables d’efforts surhumains. En cette édition du Centenaire, Fabio Scherer (27 ans), pilote de l’Oreca 07-Gibson #34 d’Inter Europol Competition, en a fait la démonstration. Le pilote suisse s’est fait rouler sur le pied par la Chevrolet Corvette C8.R #33 de Corvette Racing lors d’un ravitaillement en début de course. « Je ne sais pas comment j’ai fait pour arriver au bout de cette course », confie celui qui compte désormais trois participations sur la classique mancelle. « Après mon relais, j’ai cru que c’en était fini pour moi, parce que mon pied était vraiment trop douloureux. Avec beaucoup de soins, j’ai finalement pu piloter – au moins étais-je suffisamment soulagé pour le croire. J’ai fait attention, j’ai modifié ma façon de freiner, en me servant plus de ma jambe que de mon pied, et ça a marché. Puis, j’ai de nouveau commencé à sentir mon pied de plus en plus. Mais je me suis dit que c’était pour gagner Le Mans, alors j’ai serré les dents ».

Pour la première fois dans l’histoire des 24 Heures du Mans, l’hymne polonais a retenti lors de la cérémonie de podium afin de saluer la victoire d’Inter Europol Competition. Dans le même temps, Jakub Smiechowski est devenu le premier pilote polonais à remporter la classique mancelle. « C’est fou d’entendre mon hymne national aujourd’hui sur le podium », a-t-il confié lors de la conférence de presse d’après course. « Ça m’a coupé le souffle, ça dépasse mes rêves les plus fous. Je n’en reviens toujours pas. C’est un grand jour pour toute l’équipe. Quand on a commencé ce projet d’endurance, on a tout de suite visé un engagement au Mans. On y est parvenu et je trouvais que c’était déjà bien. Et puis cette année, notre voiture est compétitive, alors on pensait peut-être pouvoir se battre pour un podium, ou pas. On se disait que, en 24 heures, tout peut arriver. Et puis, aujourd’hui, tout s’est aligné : la voiture, les mécanos qui ont été formidables. Je suis sans voix ».

Dans une catégorie LMP2 une nouvelle fois très disputée et dans laquelle il était difficile de désigner un favori, Inter Europol est allée chercher son premier succès en WEC et non des moindres. « On a beau être déjà monté sur le podium en Championnat, j’avais l’impression que Le Mans était trop gros pour nous. Dès les premiers tours, j’ai vu que la voiture était bonne. Alors je me suis dit que je pouvais commencer à voir grand. Mais je ne pensais pas grand à ce point ! Dans ma tête, un podium c’était déjà compliqué. Et puis c’est arrivé. C’est fou », déclare Albert Costa. Le pilote espagnol, très en verve depuis le début de la saison, a réalisé un rêve de gosse en participant aux 24 Heures du Mans. « Depuis mon enfance, je suivais cette course immense, et je me disais « un jour j’y serai, un jour j’y serai ». J’ai travaillé dur pour cela. Et puis c’est là : première année, première tentative, première victoire. Je n’ai rien à ajouter. C’est dingue ! »

Grâce à sa victoire, Inter Europol grimpe à la deuxième place du Trophée endurance FIA des équipes LMP2. L’écart avec Team WRT, leader de ce trophée, est de seulement quatre points.