24 Heures du Mans 1970 (5/6) – De la piste au grand écran
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24 Heures du Mans 1970 (5/6) – De la piste au grand écran

Si la 38e édition des 24 Heures a vu la première victoire sarthoise de Porsche, elle a également été le théâtre du tournage du film Le Mans, produit et interprété par Steve McQueen, qui s’est installé au Mans pendant près de six mois. Flashback en compagnie de trois pilotes.

Après une première visite lors des 24 Heures 1969 pour des repérages, Steve McQueen est de retour au Mans en 1970 pour réaliser un rêve : un film dédié à sa passion pour le sport automobile, dont il est le producteur, l’acteur principal… Et dont il aurait dû être pilote, partageant le volant d’une Porsche 917 avec Jackie Stewart, si ses assureurs ne s’y étaient opposés.

"Steve McQueen avait affrété un avion spécial pour nous emmener sur les circuits où nous devions courir."
Derek Bell

Pour rendre l’ambiance de la course avec le plus de réalisme possible, le film mobilise une bonne vingtaine de voitures de compétition (Porsche 911, 908 et 917, Lola T70, Chevron, Corvette, Ferrari, Matra, Alfa Romeo) et 41 pilotes. Parmi eux, six anciens et futurs vainqueurs des 24 Heures : Masten Gregory, Jacky Ickx, Richard Attwood, Gérard Larrousse, Jürgen Barth et Derek Bell. Devenu depuis le citoyen britannique le plus victorieux dans la Sarthe avec cinq succès, ce dernier participe au film après avoir disputé ses premières 24 Heures. « J'ai bien connu Steve, nous partagions la même maison pendant le tournage, raconte Derek Bell. Après le film, je l'ai revu deux fois à Hollywood et même trois semaines avant sa disparition (Steve McQueen est décédé le 7 novembre 1980. Ndlr). Quoiqu'on ait pu écrire sur lui, Steve était quelqu'un de bien. Il aimait les filles, il aimait s'amuser, et il aimait aussi s'adosser aux rails de sécurité pour discuter avec nous. Il avait quarante ans lorsqu'il a tourné Le Mans. J'en avais 29 en 1970 et j'avais commencé à courir cinq ans auparavant. Ce qui m'amène à penser que Steve aurait pu réussir une belle carrière de pilote s'il avait débuté plus tôt. Et je crois aussi que nous ne nous sommes pas rendu compte à quel point il était bon à cette époque. »

"J'ai fait une démonstration de dérapage devant Steve McQueen, qui m'a offert une photo dédicacée."
Jan Lammers

Un septième vainqueur des 24 Heures est également présent : le Néerlandais Jan Lammers. Agé de treize ans à l'époque, il était, selon ses propres termes, homme à tout faire du circuit de Zandvoort, dont le responsable de l'école de pilotage Rob Slotemaker était chargé d'une mission particulière sur le tournage : « Steve McQueen avait engagé Rob pour faire les tête-à-queue dans les scènes de course, raconte Jan Lammers. Rob m'a emmené avec lui, j'ai fait une démonstration de dérapage contrôlé devant Steve McQueen, qui m'a offert une photo dédicacée. » Expert des courses d’endurance et sport à cette époque, le Britannique David Piper évoque une des difficultés technique majeures du tournage, qui se poursuit après la course jusqu’au 10 novembre : « A la fin de chaque journée de tournage, nous allions au Village Solar (infrastructure administrative et logistique de la société de production de Steve McQueen installée près du camping du Houx. Ndlr) visionner les rushes. Le plus difficile était d’être raccord entre les scènes que nous tournions et ce que la Porsche 908 de Solar avait filmé pendant la vraie course, notamment au niveau de la lumière et de la position du soleil. Il était impossible de faire autrement pour avoir à l’image les tribunes pleines et capter l’ambiance de la course. » Ses souvenirs de Steve McQueen font écho à ceux de Derek Bell : « Steve était très proche de nous pendant le tournage, il parlait de la tenue de route des voitures, de technique, indique le quintuple vainqueur des 24 Heures. Nous tournions la semaine et nous étions libres le week-end pour disputer les courses de nos agendas respectifs. Steve avait affrété un avion spécial pour nous emmener sur les circuits où nous devions aller courir. »

"Les séquences de course sont filmées à vitesse réelle."
David Piper

Après le remplacement du metteur en scène John Sturges par Lee H. Katzin et un tournage achevé avec deux mois de retard, Le Mans reçoit un accueil tiède lors de sa sortie en 1971, mais deviendra culte au fil des années. David Piper analyse ainsi cette étrange postérité : « Il y a toutes les voitures et les grands pilotes de cette période. Les séquences de course sont filmées à vitesse réelle, ce qui en fait aujourd’hui un des films les plus importants consacrés au sport automobile. » Alors que la fin des années 1960 avait vu les sorties de Grand Prix, Virages et Le Mans, les films de sport automobile se feront par la suite plus rares sur grand écran. En 2013, le succès de Rush, où Ron Howard évoquait le duel James Hunt-Niki Lauda en Formule 1 en 1976, aboutit à la mise en chantier de plusieurs films. Un seul a pour l'instant abouti : Le Mans 66, sorti l'an dernier.

PHOTO (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, 13 & 14 JUIN 1970. Pilotée par Herbert Linge et Jonathan Williams, la Porsche 908 engagée par Solar, la société de production de Steve McQueen, était équipée de trois caméras qui ont entrainé des modifications sur la carrosserie, avec les bossages visibles sur cette image. Trois mois avant les 24 Heures, elle avait terminé deuxième des 12 Heures de Sebring aux mains de Steve McQueen et Peter Revson, sans caméra et dans une livrée intégralement blanche.

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