Audi avait fait sensation en imposant son V10 TDI en 2006. Pourtant, c'était plus d’un demi-siècle après l’apparition de la technologie diesel aux 24 Heures du Mans ! Retour sur une épopée technologique et humaine méconnue.
En 1998, BMW allumait la mèche en remportant les 24 Heures du Nürburgring avec une berline 320d. L’explosion se produisait quelques années plus tard, sous forme d’une retentissante victoire d’Audi aux 24 Heures du Mans. Elle était suivie d’un raz-de-marée des moteurs diesel en sport automobile (Seat en WTCC, Volkswagen au Dakar). Pourtant, l’histoire oublie souvent que c’est un petit artisan qui avait introduit la technologie de la "combustion par compression" dès l’immédiat après-guerre (39-45).
Depuis son invention à la fin du XIXe siècle, la technologie diesel se cantonnait à des utilisations industrielles ou agricoles (locomotives, bateaux, camions, tracteurs). Deux frères, Jean et Jacques Delettrez, eurent pourtant l’intuition qu’elle pouvait être compétitive en course automobile. Dès l’édition 1949, ils alignèrent un étrange châssis Unic carrossé Delage et mu par un curieux 6 cylindres en ligne diesel de 4.4 litres développant 70 chevaux.
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Delettrez - 1949 |
MAP Le Mans - 1950 |
Audi R10 - 2006 |
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1949 |
La première tentative des Français s’achevait après 1 660 km sur une… Panne de gasoil – ça ne s’invente pas ! Jacques Delettrez, à cours de carburant, parvenait toutefois à rejoindre son stand en usant du démarreur, allant hélas jusqu’à vider complètement la batterie. L’année suivante, ce même démarreur explosait après avoir été actionné par erreur alors que le moteur tournait… Décidément ! |
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1950 |
L'expérience prometteuse des Delettrez incitait la Manufacture d’Arme de Paris à se lancer dans l’aventure. Innovante, la MAP marquait le premier engagement d’une voiture à moteur central aux 24 Heures du Mans. Trop révolutionnaire peut être, l’auto pilotée par le célèbre Pierre Veyron abandonnait (radiateur percé) après avoir parcouru 526 km. |
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1951 |
La dernière apparition des frères Delettrez sonnait le glas du diesel au Mans. Avec un meilleur tour à 2 minutes de celui Jaguar de Moss et un abandon précoce sur bris de soupapes, l’auto n’allait pas encourager les initiatives futures, ni par sa compétitivité, ni par sa fiabilité. Il faudrait attendre 2004 pour voir une nouvelle page s’ouvrir avec l’engagement privé d’une Lola Caterpillar propulsée par V10 TDI de VW Touareg. |
Julien HERGAULT / ACO