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Devenu pilote de course juste après la Première Guerre Mondiale, Robert Benoist entre chez Bugatti en 1934, après deux victoires au Grand Prix de l’Automobile Club de France sur Delage (1925 et 1927) et deux participations aux 24 Heures du Mans (8e en 1928 et 6e en 1929). A cette époque, Bugatti symbolise la démesure du luxe de l’automobile française, notamment avec la Type 57, présentée au Salon de Paris 1933. La carrosserie ronde et profilée de sa version compétition lui vaut le surnom de « tank ». Pour sa troisième participation aux 24 Heures du Mans, Robert Benoist, associé à Jean-Pierre Wimille, fait entrer la Bugattti Type 57 dans l’histoire des 24 Heures du Mans, avec la victoire en 1937, assortie d’un nouveau record de la distance (3 288 kilomètres parcourus à 137 km/h de moyenne).

Sur cette superbe victoire, Robert Benoist prend sa retraite. Il fut non seulement un pilote d’exception, mais aussi un patriote. Pendant le premier conflit mondial, il est successivement pilote d’avions de reconnaissance, pilote de chasse puis instructeur de vol. Lorsqu'éclate la Seconde Guerre Mondiale en septembre 1939, il rallie la Grande-Bretagne en mai de l'année suivante. Il rejoint le Special Operations Executive, le service secret créé par Winston Churchill, nouveau chef du gouvernement britannique, et entre dans la clandestinité sous le nom de code de Clergyman (ecclésiastique en anglais). Arrêté le 18 juin 1944, Robert Benoist est déporté au camp de Buchenwald, où il est pendu le 10 septembre.

Jean-Philippe Doret / ACO

Photo : CIRCUIT DES 24 HEURES (LE MANS, SARTHE), 24 HEURES DU MANS, 19 & 20 JUIN 1937. Robert Benoist et Jean-Pierre Wimille offrent à Bugatti sa première victoire mancelle. Le constructeur français s'imposera une deuxième fois en 1939, avec à nouveau Wimille, associé cette fois à Pierre Veyron.