Gabriel Aubry est âgé de 20 ans. La première fois qu'il est venu aux 24 Heures du Mans, c'était en spectateur. « J'avais cinq ans et ça a été une révélation. Je me suis dit : je veux gagner cette course », se souvient celui qui garde surtout en mémoire les prototypes Pescarolo et leur moteur Judd assourdissant. Quinze ans plus tard, Gabriel Aubry est présent au Mans, avec une combinaison de l'équipe chinoise Jackie Chan DC Racing. Il s'apprête à réaliser son rêve de gosse. Il participera à la 86e édition des 24 Heures du Mans au volant de l'Oreca 07 – Gibson #38. Un prototype engagé en catégorie LMP2 qu'il partagera avec Ho-Pin Tung et Stéphane Richelmi. « J'ai la chance de faire équipe avec deux anciens vainqueurs de la catégorie. Ce sont vraiment deux grands frères. Ils me donnent beaucoup de conseils. »

Lorsqu'on demande à Gabriel Aubry quelle image lui vent en tête à l'évocation du nom Le Mans, il répond : « L'abandon de la Toyota en 2016 après 23 h 56 de course. J'avais déjà quitté le circuit car je devais reviser mon baccalauréat. J'étais devant ma télévision et je n'y croyais pas. C'est la preuve qu'il faut se montrer très humble vis-à-vis de cette épreuve et que tout peut se passer, dans un sens comme dans l'autre. » C'est avec cet état d'esprit qu'il abordera la course samedi, mais aussi avec un objectif bien précis en tête : « Rallier l'arrivée et avec la victoire. Je suis persuadé que nous en avons les moyens, si chacun fait son boulot. L'équipe est très performante, elle l'a prouvé ici l'an passé. Beaucoup de pilotes sont capables d'être rapides mais tout va se jouer dans les détails. Il faudra réaliser un parcours sans faute. »

Pour y parvenir, le pilote originaire de Saint-Germain-en-Laye et concurrent en monoplace du championnat GP3 Series a suivi un stage de préparation physique de deux mois dans les Pyrenées : « J'avais un palier à franchir physiquement. J'ai spécifiquement travaillé sur le cardio et le renforcement musculaire. » Gabriel Aubry met donc toutes les chances de son côté pour s'ouvrir les portes d'une carrière de pilote professionnel. « Je ne gagne pas ma vie grâce au sport automobile. Si je suis engagé en compétition, c'est uniquement grâce à mes sponsors. Sans eux, je ne serais pas ici car les budgets sont conséquents. J'ai besoin de leur appui. Mon but c'est de gagner ma vie à travers mon sport et si possible, ici au Mans. Je fais mon boulot et nous verrons où ça me mène », ponctue celui qui a pour modèle Loïc Duval, pilote de l'Oreca 07 – Gibson #28 de TDS Racing et victorieux au Mans avec Audi en 2013. « Lorsque j'étais petit, il m'avait donné une casquette. Il ne doit sûrement pas s'en souvenir mais c'est un geste qui montre l'ambiance qui règne en endurance et à quel point les pilotes sont proches du public. » Aujourd'hui, Gabriel Aubry, licencié à l'ACO, partage la piste avec son idole de jeunesse et pourrait bien batailler contre lui pour la victoire en catégorie LMP2.

PHOTO : LE MANS (SARTHE, FRANCE), PLACE DE LA REPUBLIQUE, 24 HEURES DU MANS, VERIFICATIONS ADMINISTRATIVES ET TECHNIQUES. Gabriel Aubry, pilote de l'Oreca 07 - Gibson #38 de l'équipe chinoise Jackie Chan DC Racing.