24h Le Mans
Ils n’ont pas gagné !
L’histoire ne retient que les vainqueurs, et pourtant…
Aucun investissement, aussi colossal soit-il, ne garanti la victoire au Mans. Pour preuve : en 1990, Nissan ne parvint pas à atteindre le podium malgré l'engagement de 7 voitures ! Autre exemple, japonais lui aussi : Toyota peut revendiquer 14 années de présence au Mans avec quelques-uns des plus fameux protos (TS010, GT-One), mais pas de victoire. Le meilleur résultat du premier constructeur mondial reste la 2e place acquise en 1992 puis en 1999. Européens et Américains ont aussi connu leurs lots d'infortunes avec, notamment, Lancia, Chrysler ou Cadillac.
Même constat chez les pilotes : les plus insistants ou les plus prometteurs ne sont pas toujours les mieux récompensés. Jean-Louis Schlesser cumule 2 titres de Champion du Monde d’Endurance, 2 pole positions, 1 podium, mais pas de victoire. Sa dernière participation, en 1991 avec Mercedes, s’était soldée par un abandon après 16 heures passées en tête !
Autre exemple, toujours chez Mercedes mais autrement plus triste, avec Pierre Bouillin, alias Pierre Levegh. Lui, qui avait acquis le statut de héro en dominant seul l'édition 1952 jusqu’à la 23e heure, se voyait offrir une seconde chance en 1955... Mais plus qu'à la victoire, c'est au paradis que l'envoyait sa puissante Flèche d’Argent lors du plus tragique samedi de l'histoire de la course automobile.
Cette même année, la vedette Juan Manuel Fangio menait l'épreuve vers 1 heure du matin, quand la direction de Mercedes lui intimait l'ordre de se retirer suite à la catastrophe. L’Argentin, qui avait tant réussi F1, décidait alors d’en rester là, après 4 tentatives et autant d’abandons. Même sort pour le triple Champion du Monde de F1 Jackie Stewart : 4 départs et 4 retraits. D’autres têtes couronnées de la monoplace ont échoué dans la Sarthe comme Nino Farina, Alberto Ascari, Jack Brabham, Denny Hulme (1 podium), Mario Andretti (2 podiums), Alan Jones, Nelson Piquet, Keke Rosberg, Nigel Mansell, Michael Schumacher, Jaques Villeneuve (1 podium) ou Damon Hill.
Autre grand malchanceux, Jean-Pierre Jabouille : 14 départs, 4 podiums, 2 pole positions, 0 victoire... Cherchez l'erreur ! Lui qui fut le fer de lance des grandes offensives françaises, de Matra à Peugeot en passant par Renault Alpine, se trouva 7 fois dans le même proto que le vainqueur… Mais jamais dans le bon numéro !
Yojiro Terada, 29 départ, détient quant à lui le record du plus grand nombre de participations sans succès. Des pilotes en activité, le cas d’Emmanuel Collard laisse lui aussi pantois : 18 participations avec de grandes équipes (Porsche, Toyota, Cadillac, Pescarolo), 2 podiums et 1 pole position mais pas – encore – de succès.
Enfin, la palme du plus malchanceux revient sans conteste au regretté Bob Wollek : vainqueur des plus grandes courses d’endurance (Daytona, Sebring) ; pilote officiel pour Alpine, Matra, Porsche, Lancia, Jaguar, Toyota ; cumulant 30 participations, 6 podiums mais... Aucune victoire !
