C’est l’intervention la plus répétée sur l’auto tout au long des 24 Heures du Mans. Le ravitaillement est à la fois nécessaire et stratégique. Nécessaire car toute la subtilité est de faire rouler l’auto le plus longtemps possible sans qu’elle ne tombe en panne sèche. Stratégique, car les opérations effectuées en dehors du plein de carburant sont autant de facteurs de risques et, surtout, de perte de temps.

La capacité du réservoir en LM P2 est fixée à 75 litres (pour les 24 Heures du Mans). Cela représente environ 40 min de roulage, ou dix tours. Il s’agit d’une consommation importante car le circuit des 24 Heures du Mans comporte de nombreuses zones où l’auto est à pleine charge, c’est-à-dire à pleine puissance.
Le déjaugage, moment où il reste trop peu d’essence pour qu’elle soit correctement pompée dans le réservoir, a toujours été l’ennemi de l’optimisation de la consommation. Pour y remédier, quatre petites pompes ont été placées aux quatre coins inférieurs du réservoir. Elles renvoient l’essence dans une boîte tampon à l’intérieur du réservoir, dans laquelle l’essence est aspirée par la pompe sans risque de déjaugage. Il s’agit en quelque sorte d’un réservoir dans le réservoir qui a une contenance de 5 à 7 litres.

Les réservoirs d’essence pour le ravitaillement sont placés sur le côté de chaque stand à 2,6 m du sol et contiennent 200 litres. Au Mans, un système de pompe électrique permet de remplir ces réservoirs depuis les citernes situées sous les stands.

Il s’agit d’essence sans plomb avec un indice d’octane de 102, contre 95 ou 98 pour l’essence vendue pour les voitures particulières. Il s’agit bien sûr d’un carburant conçu pour la compétition et la recherche de performance (un indice d’octane élevé permet que l’allumage se fasse plus tôt dans la combustion).
Le plein se fait à l’aide d’un conduit de gros diamètre contenant un tube plus fin pour le dégazage. Il est doté d’une vanne spéciale qui vient s’imbriquer dans l’ouverture du réservoir pour libérer l’essence. Les 75 litres sont remplis en 23 secondes. 

Si le ravitaillement est une opération courante, il n’en reste pas moins très technique et règlementé. Les risques d’incendie sont réels même s’ils sont rares. L’endurance est une discipline exigeante qui ne pardonne pas les erreurs.

Karine Avon/ACO

Photo : 24 HEURES DU MANS 2015 (LE MANS, SARTHE), 13 JUIN 2015. Chaque ravitaillement est une course contre la montre pour les mécaniciens qui interviennent sur l'auto.