Photo : Archives ACO

 

Le calme avant la ronde infernale ! Nous sommes le matin du samedi 19 juin 1965. Les spectateurs, nombreux, prennent place dans les différents lieux stratégiques du circuit des 24 Heures du Mans pour assister au grand spectacle. Certains choisissent les virages d’Indianapolis et d’Arnage, d’aucuns favorisent la sortie du virage de Mulsanne et sa zone de panneautage. Enfin, d’autres passionnés et curieux se positionnent dans les tribunes faisant face aux stands et aux balcons de ravitaillements.

Tandis que les parkings se garnissent encore d’Ami 6, de Citroën DS, de Renault 4 ou encore de Simca 1000, les haut-parleurs délectent le public de la voix lumineuse de Diana Ross chantant « Back in my arms again », l’un de ses tubes avec The Supremes. Avec ces princesses de la Motown en fond sonore et les mécaniciens œuvrant sur les V8 des Ford MKII officielles, il y a comme un air de Detroit dans la campagne française.

La tension monte, crescendo, au cœur même du circuit. Si au loin, la courbe Dunlop et son échappatoire paraissent paisibles, il s’agit bien là d’une illusion éphémère. Dans quelques heures, 51 pilotes traverseront le ruban d’asphalte en courant, ouvriront la portière de leur voiture et démarreront en trombe. Au loin, les moteurs résonneront alors depuis la ligne droite des Hunaudières et le spectacle débutera pour 24 heures de course passionnantes.

Cette 33e édition des 24 Heures du Mans est le second affrontement entre Ferrari et Ford. Il y en aura quatre au total. Cette grande classique mancelle 1965 verra une majorité des prétendants à la victoire renoncer à la couronne de fleurs sur problèmes mécaniques. Ainsi, autant les Ford MKII officielles, engagées sous la bannière de Shelby American Inc, que les Ferrari 275 P2 et 330 P2 de la Scuderia connaitront des problèmes divers et variés. Dans cette course à la régularité et à la fiabilité, le North American Racing Team (NART) de Luigi Chinetti fera parler l’expérience. Jochen Rindt et Masten Gregory piloteront parfaitement leur Ferrari 250 LM, depuis la onzième place de la grille de départ, jusqu’à la victoire au classement général. A l'arrivée, les deux hommes devancent deux autres autos frappées du cheval cabré : une autre Ferrari 250 LM, alignée par Pierre Dumay et une 275 GTB de l’Ecurie Francorchamps. Notons que l’équipe officielle Porsche tisse tranquillement la toile de son histoire avec les 24 Heures du Mans puisqu’une 904/6 remporte la catégorie des Prototypes 2L et une 904 GTS décroche quant à elle un succès en classe Grand Tourisme 2L.

Pierre-Yves Riom / ACO