Porsche n'a plus gagné en LMGTE Pro depuis 2013. A l'époque, la 911 RSR #92 de Marc Lieb, Richard Lietz et Romain Dumas l'avait emporté. Depuis, les autres constructeurs se sont réparti les victoires : Ferrari en 2014, Chevrolet Corvette en 2015, Ford en 2016, Aston Martin en 2017. Porsche n'entend donc pas laisser sa chance une nouvelle fois et a sorti le grand jeu. Quatre exemplaires de la nouvelle 911 RSR avec un moteur central arrière (une nouveauté pour la marque de Stuttgart) seront au départ de la 86e édition des 24 Heures du Mans (16 et 17 juin).
Quatrième l'an passé, Porsche espère faire bien mieux cette année et a beaucoup travaillé pour cela. Frank-Steffen Walliser (responsable du programme compétition GT Porsche) parle d'abord de la présence des quatre autos. « Nous avons doublé le nombre de voitures pour commencer, nous avons les deux autos qui sont engagées en championnat du monde d’endurance (WEC), plus les deux autos qui viennent du WeatherTech SportsCar Championship, le championnat américain. Ford engage quatre exemplaires, Ferrari trois, nous ne voulions pas nous laisser décrocher par rapport à ça. Nous nous sommes aussi inspirés de ce qui s’est passé l’an dernier avec les deux Porsche 919 Hybrid en LMP1 lorsque l’une d’entre elles était en tête avant d’abandonner. La compétition en LMGTE Pro est très relevée. L’an dernier, notre auto a passé zéro minute dans les stands en dehors des traditionnels changements de roues et ravitaillements en essence. Pourtant nous nous classons seulement 4e. »
Le travail n'a donc pas manqué à Weissach, là où sont préparées toutes les Porsche de course. « Nous avons énormément amélioré l’auto, mais, comme c’est une voiture homologuée, nous n’avons pas le droit de faire de modifications au niveau moteur ou aérodynamique. Nous nous sommes donc concentrés sur des détails par rapport aux réglages, à l’optimisation des freins, aux suspensions. Il ne faut pas oublier que la voiture est apparue pour la première fois l’an dernier ; nous en avons donc maintenant une meilleure connaissance. Les 24 Heures de Daytona ont été un peu compliquées pour nous, mais les progrès ont été confirmés par les 12 Heures de Sebring que nous avons gagnées et notre belle course aux Total 6 Heures de Spa-Francorchamps. Nous sommes contents des résultats actuels, surtout que nous menons les championnats aussi bien en WeatherTech SportsCar Championship qu'en WEC. De plus, nous venons de remporter les 24 Heures du Nürburgring. La motivation est au plus haut chez Porsche, tout le monde est vraiment excité. »
Kévin Estre (Porsche 911 RSR #92) faisait déjà partie de l'effectif 2017 et peut facilement mesurer le travail effectué depuis l'an dernier : « Nous avons fait beaucoup de choses, dont des essais pneumatiques tout au long de l’hiver, car il nous a manqué de la performance en 2017, surtout lorsqu’il faisait chaud. Nous n’avons pas touché à la voiture car cela n’est pas autorisé par le règlement. Nous avons alors travaillé le côté réglages pour récupérer un peu de vitesse de pointe au niveau de l’appui et être plus vite en ligne droite, mais ça change l’équilibre. L’année dernière, les résultats sur l’ensemble de la saison n’ont pas été à la hauteur de nos espérances aussi bien en Europe qu’aux USA. Les récents très bons résultats à Sebring et à Spa nous ont mis du baume au cœur et ont prouvé que nous étions dans la bonne direction.
L'objectif est donc clairement annoncé : la victoire ! « De toute façon, confirme le pilote français, Porsche vient toujours pour la victoire - même si il y a des années où nous sommes plus confiants que d’autres. En 2017, c’était un peu le point d’interrogation car la voiture était toute neuve et, en plus, avec un kit aérodynamique différent du reste de l’année en WEC. Là, nous engageons quatre voitures, ça se voit aussi dans le paddock, nous sommes bien plus « gros » que les années précédentes. L’implication de Porsche est importante avec 30 GTE au départ dont 10 Porsche RSR. Par contre, la pression est plus importante, il va falloir faire de bons résultats. »
Photo : Kévin Estre (à gauche) et Frank-Steffen Walliser (à droite).