24h Le Mans
Les Hypercars à la loupe | La Toyota GR010 Hybrid, présente au départ des 24 Heures du Mans depuis 2021, est le plus ancien prototype encore engagé en catégorie reine. Après deux défaites consécutives en 2023 et 2024, Toyota veut reconquérir le royaume qui lui appartenait il y a peu. Pour réussir ce pari, avoir une voiture à la pointe est primordial. En quoi le prototype japonais peut-il faire la différence ?
La GR010 Hybrid ne s’est pas encore imposée cette année en Championnat du Monde d’Endurance FIA WEC, mais il ne faut pas oublier qu’elle s’est toujours démarquée au Mans, une piste qui lui sied à merveille.
Toyota est un constructeur respecté dans le monde automobile. Ce nom est synonyme de fiabilité, de discipline, et de résilience. Des qualités qui se traduisent parfaitement dans une épreuve exigeante comme les 24 Heures du Mans, où les Nippons se sont engagés pour la première fois il y a 40 ans. Après des années de difficultés et de malchance, Toyota a finalement réussi à triompher de la classique mancelle en 2018. Invaincue jusqu’en 2022, elle jouit, grâce à ces cinq victoires d’affilée, du statut de favori, quels que soient les pilotes à bord et les adversaires. Depuis 2023, cependant, la concurrence est plus féroce que jamais. Ferrari a remporté les deux dernières éditions, mais Toyota restait en embuscade avec deux deuxièmes places.
Même s’il s’agit de sa cinquième année d’exploitation, celle qui a gagné en 2021 et 2022 est toujours très affûtée. Pour son développement, Toyota s’est inspiré du prototype GR Super Sport Concept, présenté au salon de Tokyo en 2018, ce qui permet de facilement l’identifier à la philosophie de la marque. La tâche était loin d'être aisée, car il fallait succéder à la fameuse TS050, l’une des voitures les plus performantes de l’histoire des 24 Heures du Mans et victorieuse de 2018 à 2020. Cette intuition s’est avérée payante, notamment sur le plan aérodynamique, où elle tient la dragée haute à des protos plus récents.
C’est pour cette raison que le modèle 2025 est sensiblement le même que celui dévoilé en 2021, même si de petits ajustements ont été réalisés au cours du temps. Les principales mises à jour concernent la fiabilité et la praticité : rien de décelable à l’œil nu. De près, la GR010 Hybrid se démarque assez largement de ses rivales en raison de ses pontons (voir photos) et de son haut diffuseur arrière. Le travail des angles est tout à fait saisissant, et peut-être plus encore dans sa version anniversaire. En effet, la Toyota #7 arbore des couleurs historiques, que portait la GT-One lors de l’édition 1998 des 24 Heures. Une livrée qui ravit les fans tout en renforçant l’identité de la marque.
La GR010 Hybrid est entraînée par un concentré de tout ce qui se fait de mieux au pays du Soleil levant. Si l’équipe qui développe le châssis et engage la voiture au Mans est basée à Cologne, en Allemagne, le moteur est né au centre de recherche et développement Toyota à Higashi-Fuji, au pied du mont Fuji. Les troupes de l’ingénieur Hisatake Murata ont mis au point un V6 bi-turbo de 3.5 litres, couplé à une boîte de vitesses sept rapports. Il est capable de développer jusqu’à 680 chevaux aux roues arrières. Et ce n’est pas tout.
Comme sur sa rivale, la Ferrari 499P, un moteur électrique est placé sur le train avant. Conçu conjointement par Denso et Aisin Aw, celui-ci permet au pilote de bénéficier des avantages d’une quatre roues motrices à partir de 190 km/h – une vitesse minimale déterminée par la Balance de Performance (BoP). Ceci offre un gain non négligeable dans les longues courbes, mais aussi sur le mouillé lorsque l’adhérence vient à manquer. Ce phénomène limite la dégradation pneumatique arrière : « La Toyota GR010 Hybrid peut faire la différence sur la dégradation des pneus. Par le passé, ça a été notre point fort », précise Sébastien Buemi.
Il est bon de rappeler que Toyota est l’un des spécialistes mondiaux de l’hybridation : depuis le retour de la marque au Mans en 2012, toutes les Toyota au départ étaient animées par cette technologie. Ce fut donc un point central du développement, largement aidé par l’expérience accumulée sur la piste mancelle. Si la GR010 Hybrid s’est imposée sur de nombreux tracés, elle prend vie au Mans plus qu’ailleurs. David Floury, directeur technique, ne cache pas sa volonté : « Quand on construit un prototype d'endurance, on roule sur des circuits très différents, donc il faut qu'il soit polyvalent. Bien évidemment, les 24 Heures du Mans ont une importance capitale dans la saison. Lorsqu'on conçoit la voiture, on s’assure qu’elle réagira de manière optimale sur cette piste ».
Jamais le plateau du FIA WEC n’a été aussi resserré. Toyota doit maintenant faire la différence face à des concurrents affamés, et qui, eux, possèdent une Hypercar plus récente. Sur le plan technique, il faut une voiture fiable, robuste, capable de terminer toutes les courses sans broncher. C’est pourquoi la majorité des évolutions apportées par Toyota Gazoo Racing se focalisent sur ces points. Ensuite, les Nippons misent sur l’expérience. Hormis Nyck de Vries, champion de Formule 2 et de Formula E, tous les pilotes ont au moins une victoire aux 24 Heures du Mans à leur palmarès. Sur la GR010 Hybrid #8 se répartissent huit succès au général, dont quatre à mettre au crédit de Sébastien Buemi, le plus titré au départ de cette 93e édition.
Cette homogénéité de la catégorie incite Toyota à ne jamais se reposer sur ses lauriers. « L’humain prend une dimension encore plus importante. Il faut une équipe d’autant plus soudée et performante, en termes de stratégie, par exemple. Bien sûr, on essaye de se démarquer de ce point de vue. » Cela a été particulièrement visible en début de saison, où les équipes ont souffert. Lors des TotalEnergies 6 Heures de Spa-Francorchamps, une merveilleuse exécution leur a permis de sauver les meubles après des qualifications difficiles, la marque des très grands. Ces qualités font de Toyota un prétendant redoutable pour les 24 Heures du Mans 2025, où les GR010 Hybrid ont montré beaucoup de vitesse en essais libres. Sebastien Buemi complète : « On a déjà prouvé que l’exécution et la stratégie étaient notre point fort. À Spa-Francorchamps, on termine quatrième, mais en ayant la vitesse du onzième ou du douzième ».
Précédemment, la Porsche 963 de Porsche Penske Motorsport, la Ferrari 499P, la Peugeot 9X8, la BMW M Hybrid V8, l'Aston Martin Valkyrie, l’Alpine A424 et la Cadillac V-Series.R.
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