
A quarante-six ans et après trente ans de carrière, Christophe Bouchut prendra le 22 juin prochain le départ de la 81e édition de la plus grande course du monde. Dès sa première participation en 1993, associé à Geoff Brabham et Eric Hélary, il s’impose au volant d’une Peugeot 905 et accède ainsi au cercle très fermé des pilotes ayant remporté l’épreuve dès leur première participation. Mais d’autres souvenirs ont marqué à tout jamais son histoire : « Le Mans est magique même lorsque vous n’obtenez pas les résultats escomptés. Même si l’épreuve est éprouvante, chaque année me reste en mémoire. Bien sûr sur une échelle d’importance, 1993 est un souvenir impérissable. L’objectif pour un pilote est de gagner une course alors lorsque vous remportez l’épreuve sarthoise c’est véritablement exceptionnel, car très difficile à réaliser ; il y a une telle compétition… En plus de cet exploit, j’ai deux années qui m’ont beaucoup marqué. 1995 tout d’abord où j’étais associé à Hans-Joachim Stück et Thierry Boutsen sur la Porsche Kremer n°6. Ce fut une année où la pluie s’était installée durablement durant toute l’épreuve. Au milieu de la course, les conditions étaient telles que la voiture était devenue inconduisible. Ni Hans ni Thierry ne voulaient reprendre la piste, ils avaient à plusieurs reprises évité l’accident. Comme j’étais le plus jeune de la bande, j’ai pris la piste pour voir. Effectivement les conditions étaient épouvantables. A deux reprises, en pleine ligne droite des Hunaudières, alors que j’étais à fond de cinquième entre 250 et 300 km/h, j’ai décroché et me suis retrouvé perpendiculaire à la piste. Heureusement sans conséquence puisque nous avons réussi à rallier l’arrivée et terminé sixièmes de l’épreuve. Sur les cinquante-cinq équipages présents seuls vingt-trois avaient franchi la ligne d’arrivée. La seconde anecdote remonte à 2005. Cette année-là c’était la canicule. Il faisait si chaud que beaucoup de pilotes ont été obligés d’être hospitalisés pour déshydratation. Nous roulions avec Alexei Vasiliev et Nikolai Fomenko sur la Ferrari F 550-GTS n°17. Alors que je venais de réaliser un double relais, juste derrière celui de Nikolai, je donne le volant à Alexei. Au bout de son premier relais, il descend et abandonne ; la chaleur dans l’habitacle dépasse les 50° (les climatisations n’avaient pas fait leur apparition). Nikolai qui n’était pas en état de reprendre me demande d’assurer. Je repars, je roule, double, triple mes relais, je ne sais plus, jusqu’à l’épuisement. Je rentre au stand à bout de souffle, Nikolai hésite avant de repartir mais c’est la seule solution sinon c’est l’abandon. Il part enfin et on termine l’épreuve à deux à la dix-septième place. »
Mais si ces souvenirs nous transportent quelques années en arrière, Christophe Bouchut signera cette année un autre exploit. Il deviendra pour le 90e anniversaire des 24 Heures du Mans le treizième pilote ayant pris le départ de l’épreuve pour la vingtième fois. « C’est pour moi une grande fierté, c’est tout aussi fabuleux. L’objectif n’a jamais été de courir le plus d’éditions possibles. Je ne suis pas certain de pouvoir égaler un jour celui d’Henri Pescarolo qui détient le record avec trente-trois départs, mais lorsque je viens ici c’est pour gagner. Je suis un privilégié, un chanceux. Revenir ainsi tant de fois c’est une belle récompense. Tout jeune pilote rêve de cet objectif et même si j’ai quarante-six ans, j’en ai seulement vingt dans ma tête ; venir pour la gagne. » Mais Le Mans reste Le Mans et la magie de cette course mythique attire toujours plus de pilotes : « Le Mans reste incomparable. Disputer juste une seule fois l’épreuve est quelque fois l’effort d’une vie, un rêve. Dans ma vie, j’ai beaucoup voyagé, j’ai côtoyé d’autres catégories, d’autres sociétés mais l’épreuve des 24 Heures a toujours su s’adapter au fil du temps. C’est une réelle évolution technique et une course historique. Tout le monde en parle depuis tant d’années, au passé, au présent et même au futur. Années après années, elle a ainsi traversé le temps et presque un siècle. Il y a d’autres disciplines sportives mais de toutes, nulle part ailleurs on ne parle du Mans autant. Même les jeunes pilotes de Formule 1 ont toujours voulu se mesurer sur ce circuit mythique. »
Hommage émouvant que celui de Christophe Bouchut qui pour la vingtième fois de sa carrière aux cent victoires prendra le 22 juin prochain le départ de 81e édition des 24 Heures du Mans. Retrouvez dans cette vidéo une interview de Christophe Bouchut réalisée lors des 24 Heures du Mans 2011. Commentaires en anglais
L'édition du 90e anniversaire des 24 Heures du Mans aura lieu les 22 et 23 juin 2013.
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Thierry Arman / ACO